Issu de la rencontre du comédien Jacques Bonnaffé et du photographe Xavier Lambours, tous deux originaires du Nord, ce récit en images rend hommage aux amoureux du vélo, à travers les courses et sorties du dimanche.
« En 1999, Jacques Bonnaffé m’a demandé d’illustrer 54×13, un texte de Jean-Bernard Pouy qu’il mettait en scène, la dérive d’un échappé du Tour de France. Il voulait qu’on accroche des photos dans les halls des théâtres où il jouait. Je n’avais rien sur le vélo, seulement des gens que j’avais fait poser devant le pas de leur porte à Douchy-les-Mines. « On n’a qu’à dire qu’ils regardent passer une course », ai-je dit à Jacques. Ce qui fut fait. Un peu frustrant.
Un jour, nous sommes invités pour une « rando » à Saint-Amand-les-Eaux. Alors que je viens pour faire des photos en noir et blanc, je termine un film couleur resté dans l’appareil. De retour à Paris, je suis surpris par l’ambiance de ces photos. Il y a quelque chose. La couleur du Nord. Le noir et blanc me semble soudain hors sujet, loin, inadapté.
Trouver mon Nord, retrouver grand-mère, revenir au Nord, c’est retrouver un bout de moi que je croyais perdu. Je me suis inventé un Nord, un pays où tout se passe à vélo. Une nouvelle république où l’on sort tous les jours son habit du dimanche.
Avec l’incroyable modernité du vélo contemporain, qui a osé amener la couleur au Nord. Je me souviens de ce monde endeuillé, où l’on ne quittait plus le noir quand sa moitié disparaissait. De ma grand-mère à qui je demandais le pourquoi de ses tenues noires et grises et qui rougissait quand je lui disais qu’elle serait belle en couleurs. »
Xavier Lambours

Xavier Lambours
Ses débuts, dans les années 1970, sont consacrés au reportage et au roman-photo avec sa collaboration au journal Hara Kiri. En 1983, Xavier Lambours couvre le Festival de Cannes pour Libération et collabore régulièrement dans la presse et l’édition.
Après être passé par l’agence VU, il cofonde l’agence Métis. En 1998, Louis-Vuitton lui donne carte blanche et La Maison européenne de la photographie lui consacre une rétrospective en 2011. Auteur de plusieurs ouvrages, il a également réalisé trois fictions photo. Après les attentats de 2015, il sort « Dans le ventre de Hara Kiri » avec le photographe Arnaud Baumann.
Résident du Centre culturel de Sanaa, de la Cité internationale des arts à Paris, dans lesquels il expose, il présente, à la suite de sa résidence à la Capsule, au Bourget, un roman-photo, basé sur une aventure de son double, Reivax.
Un artiste aux multiples talents, non seulement photographe, mais aussi réalisateur, metteur en scène et documentariste. Il publie également de nombreuses publications dont Vélolavie, textes de Jacques Bonaffé.
Lauréat du Prix Kodak de la critique photographique en 1988, de la Villa Kujoyama, prestigieux programme de résidence français en Asie en 1992, Prix Niepce -le « Goncourt » de la photographie- en 1994, Prix de l’Académie des Beaux-Arts, en 2011.
Xavier Lambours est représenté par Signatures, maisons de photographes.