Mongolie – Rêve d’infini / Michel Setboun

J’ai commencé ma longue histoire d’amour avec la Mongolie en 1991, le pays venait de rompre avec cinquante ans de communisme. Le pays était dans un état de délabrement avancé, la nourriture et l’essence rares. Dans ce pays peuplé majoritairement d’éleveurs nomades, il était impossible de trouver simplement du lait.
Mais ce premier voyage était tout simplement l’aboutissement d’un rêve de gosse, celui d’un petit garçon, d’un citadin, d’un enfant de la banlieue. C’est dans l’immensité de la steppe mongole que mes rêves ont, un jour, pris le large. Depuis, lorsque je pars en Mongolie, c’est comme une échappée belle. Je suis le plus souvent actif, volubile et parfois pressé, mais je me laisse alors happer par l’immensité, étourdir par le silence. Et dans la steppe, on ne voit que ça : l’espace. On n’entend que ça : le silence.

En quittant Oulan-Bator, passée la dernière HLM, on entre en immensité. Et comme dans les rêves d’enfance, la terre se peuple de chevaux, de cavaliers, de cavalcades.
Pas étonnant qu’il y ait beaucoup de photos d’enfants dans mes images. Comme dans toutes les sociétés traditionnelles, les enfants des nomades de Mongolie sont associés aux menus faits et gestes de tous les jours : chercher l’eau, ou l’argal, cette bouse séchée qui sert de combustible.
Rattraper un cheval fuyard. Conduire un poulain à la jument pour la traite, etc. Mais s’il y a autant de photos d’enfants, c’est aussi parce qu’ils vivent pour de vrai les rêves de tous les petits garçons du monde. Ils sont les rois d’un monde plein de démesure, les rois de la steppe.
Michel Setboun